Peu après avoir dîné, alors que nous nous apprêtions à battre les
cartes, et ce, malgré la fraîcheur nocturne, un homme s’approche de nous. Cet
homme, d’une bonne soixantaine d’années,
est de bonne corpulence. C’est donc muni d’un chapeau, d’une imposante
barbe et d’un « bâton-pince »pour ramasser les détritus qu’il nous
aborde et nous demande: « à quel jeu jouez vous ? »
Je comprendrais plus tard que le jeu auquel
nous jouions lui importait peu. Cette question
n’était qu’un prétexte pour nous proposer de lui tenir compagnie auprès
d’un feu, qu’il avait préalablement préparé à proximité de sa caravane.
Je
l’imagine effectuant ainsi ce rituel chaque soir :
-
la préparation d’un feu, quel
meilleur appât que le feu lors de nuits froides pour attirer des gens en manque
de chaleur,
-
l’identification d’une cible (nous en
l’occurrence cette fois ci), quand celle-ci ne vient pas d’elle-même,
-
Puis, la technique d’approche,
vous l’aurez compris, pour nous il s’agira de cette simple question de jeu de
cartes, et de quelques échanges,
-
Et là il ferre en proposant de se
joindre auprès d’un bon feu,
-
Le tour est joué, et bien heureusement,
nous nous retrouverons donc assis à
cinq, nous, les allemands et Robert (c’est mieux quand on le prononce en
anglais) à discuter.
Il nous explique que la
plupart du temps il voyage dans sa caravane mais qu’il possède une maison.
Celle-ci est certainement trop vide avec
trop de souvenirs, depuis le décès de sa femme, survenu en 2009 du fait d’un
cancer. Avant d’être à la retraite, il travaillait pour l’état à un échelon
local en tant que développeur économique. Nous savons également qu’il a des
filles mais nous ne pouvons pas en dire plus à ce sujet. Nous passons cette soirée à parler de choses
et d’autres, tout en réarmant le feu de temps en temps. Il faut dire que Robert
est passé maître dans la quête de morceaux de bois. Effectivement, lorsque
Sebastian et moi ramenons quelques bouts de bois, trouvés à l’aveuglette sous
cette nuit étoilée, Robert revient avec des branches faisant passer les nôtres
pour des brindilles. Il nous fît également visiter sa caravane et nous
terminerons la soirée autour d’une boisson chaude.
Bien entendu la chaleur humaine allait bien au delà que celle produit par le feu.
Ps : Mais à quoi lui sert
ce bâton mentionné un peu plus haut, me diriez-vous ?
Robert, s’en sert tout simplement pour collecter les
branches au sol, épargnant son dos usé.
